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2008 Loustal de Panama à Cherbourg

dBD n°22 : du Bleu à l’horizon !

7 avril 2008

http://www.dbdmag.fr/

Encore un numéro complet et riche pour ce nouveau dBD de printemps dont la dominante pourrait se décliner en nuances de bleu.


Bleu marine, c’est d’abord la couleur privilégiée de Loustal à l’honneur sous une magnifique couverture délicieusement kitch et exotique. L’actualité de l’auteur de Cœur de sables se concentre autour de la belle exposition qui lui est consacrée à Cherbourg. Rencontre, on ne peut plus opportune puisque consacrant un dessinateur dont l’œuvre est sans cesse traversée par le voyage, la mer et de grands ciels vides et...bleus. Une occasion de revenir sur l’œuvre du maître en découvrant ses œuvres dans son atelier .

Bleu c’est aussi la couleur du lotus le plus cher au cœur des Tintinophiles. L’album mythique fait encore parler de lui ! Si l’on en croit Roger Faligot, spécialiste de l’histoire des services de renseignements interrogé par Brieg F.Haslé, Tchang Tchong-Jen sympathisant du Parti communiste chinois aurait pu influencer Hergé (à son insu !) à travers l’aide qu’il lui aurait fourni lors de la réalisation du célèbre album. Hergé manipulé par le PC chinois ? Il fallait oser ! Si le scoop publié par dBd confirme des choses déjà lues ou entendues ailleurs (la signification des banderoles illustrant certaines vignettes, par exemple), il suscite néanmoins quelques interrogations qui restent pour l’instant… sans réponse ! Prochain épisode : la Castafiore, agent de la Stasi ?

Des bleus au corps et… à l’âme, c’est le triste quotidien de Claire, la jeune policière de Cellule Poison->. A l’occasion de la sortie du troisième épisode de cette série singulière, Frédéric Bosser a rencontré son auteur Laurent Astier. Sur fond de prostitution et de traite des filles de l’Est, cette histoire policière au rythme et au graphisme efficace ne passe pas inaperçue, tout en s’accommodant des charmes de la bichromie et du bleu ...électrique.

Bleu horizon, c’est évidemment une couleur qui évoque irrésistiblement 1914-1918, période magistralement illustrée par Igor Kordey, dessinateur (entre autres !) du Cœur des batailles et de l’histoire secrète.. Réduire cet auteur prolifique et talentueux à ces seules séries serait dérisoire et c’est l’un des mérites de cette rencontre de nous faire appréhender la richesse de la palette d’un auteur qui ne mâche pas ses mots.

Des bleus Maryse et JF Charles ? Sûrement pas, ce couple (en BD comme à la ville !) traverse le paysage BD depuis près de trente ans et a su construire au fil du temps une œuvre forte, singulière et parfaitement cohérente. Ce tandem plutôt discret et sympathique est à l’origine de nombreuses séries à succès et de grande qualité. La rubrique Abécédaire qui leur est consacrée permet de revenir sur l’œuvre des auteurs des Pionniers du Nouveau Monde, India Dreams ou plus récemment War and Dreams. Une belle rencontre, comme sait si bien nous les faire partager ce magazine.

Dans un univers éditorial toujours aussi dense et saturé, dBd reste donc bien l’un des moyens les plus sûrs pour le lecteur d’éviter de n’y voir que.. du bleu !


dBD d’avril en vente dans tous les kiosques au prix de 8,90 €.
http://www.actuabd.com/spip.php?article6559
 


 

 

Expo Loustal à Cherbourg
Photos de Loustal et de son atelier par Christophe Lebédinsky. Entretien réalisé par Frédéric Bosser.

Clair-obscur à Cherbourg

Toute l'œuvre de Loustal en lumière à Cherbourg, cela valait bien La Une de noire revue !  Avec cette capacité de travail et cette faculté de toujours avancer... tout en gardant un style ; Loustal ne cesse de nous émerveiller !

 

Parlez-nous de cette grande exposition, autour de votre travail, dans le cadre de la Biennale de Cherbourg...
Christian Desbois, le commissaire de l'exposition, m'a propose d'être l'invité de cette manifestation, tout comme Bilal, Schuiten et Juillard l'avaient été avant moi. N'ayant pas monté de grandes expositions depuis longtemps, je n'avais aucune raison de refuser. Au début, j'ai cru qu'ils voulaient organiser une rétrospective ; j'ai regardé ce que je pouvais leur fournir et j'ai contacté certains collectionneurs pour récupérer des Finalement, ce fut inutile : les conservateurs du musée se s( déplacés plusieurs fois, ici, á l'atelier pour décider quel alla être le fil rouge de l'exposition...
 

Et alors ?
Ils ont opté pour le clair-obscur, ce qui annulait toute la par peinture pour se focaliser sur mes aquarelles, le papier... Il aussi demandé á Franck Bordas d'imprimer, sur de très grandes estampes numériques (deux mètres sur deux), certains travaux extraits de Nord, mon portfolio édité chez Alain Beaulet. Le résultat est surprenant ! Ce sont des aquarelles, très académiques, proches de la photographie qui supportent bien l'agrandissement. Elles deviennent des œuvres á part entière.


Leur choix s'est également porté sur vos photographies...
C'est vrai que cette exposition me permet de montrer tout h travail que je fais en photo. Nous avons choisi des images tr graphiques et des panoramas que je n'ai jamais publiés, ni ment montrés [Un petit livre de photos, Argentique, est sorti récemment chez Alain Beaulet]. Là encore, Franck Bordas s est occupé. Détail amusant : quand j'ai connu cet imprimeur
a une dizaine d'années, il avait toujours les mains pleines d'encre. Maintenant, il est entouré d'ordinateurs dans une ambiance très high-tech... (Rires). 

 

Nous allons tout savoir de vos secrets de fabrication.
Moi, au moins, je travaille à partir de mes photos et non celles des autres (Rires). La photographie a toujours eu une place importante dans mon travail. D'ailleurs, les premiers travaux j'ai montrés á Rock&Folk étaient des photos. Mais elles n’ étaient pas vraiment au même niveau que celles de Claude Gassian ou de Jean Pierre Lenoir : des pros de la photo rock. Alors je me mis à dessiner les ambiances de mes photos…

En parlant de rock, les Inrockuptibles éditent un numéro spécial á l'occasion de cette biennale...
Ils sont partenaires de la manifestation... J'ai découvert avec surprise les hommages de Charles Berbérian et de Jean Giraud. Cela fait toujours plaisir d'avoir un avis extérieur, que ce soit d'un contemporain comme Charles ou d'un maitre comme Jean. Le voir intervenir, dans un numéro comme cela, en sachant qu'il fait partie de ceux qui t'ont donné envie de faire de la bande dessinée, c'est assez magique !

 

Á propos de Jean Giraud, vous avez surement appris mieux le connaître lors des séances « à cinq » organisées par son épouse, Isabelle, avec Avril, Juillard et Mattotti ?
Nous avons participé à un cycle de cinq rencontres d'une après-midi ou nous travaillions sur le même sujet. Nous étions au cœur du dessin et, á la fin de la séance, nous nous les échangions. Maintenant, nous nous voyons de manière très amicale, sans but précis. C'est assez agréable de se retrouver ainsi, nous qui sommes plutôt de la catégorie des « solitaires ». Je ne supporterais pas de travailler avec quelqu'un d'autre.

Pour en revenir à la Biennale, êtes-vous allé là-bas, comme Juillard, en résidence pour un projet précis ?
Comme je savais qu'André avait réalisé un petit livre de croquis autour du site de La Hague [André Juillard, La Hague...— Ed. Christian Desbois. Tirage limité á 1 000 ex.], j'ai proposé de travailler sur les iles anglo-normandes proches de Cherbourg mais ce que je ne savais pas c'est qu'elles ne dépendent pas de cette ville... Alors nous avons opté pour les fortifications et les batteries de Vauban qui parsèment cette ville. Customisées qu'elles sont par les bunkers allemands, elles m'inspiraient beaucoup. Les éléments naturels (les minéraux, l'eau, l'air...) mêlés au blanc du papier fonctionnait avec mon travail aux fusains qui rend bien le côté rouille de l'air marin qui attaque les pierres. J'ai fait le tour des  lieux susceptibles de m'intéresser, je suis revenu á l'atelier avec mes photos puis j'en ai sélectionnées dix Pour l'instant, rien n'est susceptible d'être publié. 

En parlant de photos, j'ai appris que certaines ont été exposées au dernier salon professionnel de Photographie de la Porte de Versailles...
C'était en octobre dernier, dans le cadre de l'exposition Les amateurs célèbres. Mes travaux côtoyaient ceux de Charles Aznavour, Diane Tell, Bianca Li, etc. Chacun avait un box. Les organisateurs ont choisi de faire des agrandissements [3mx1,5]  de mes panoramiques. Très graphiques, ils seront, eux au exposés á Cherbourg. Comme vous le voyez, cette exposition s'est montée petit à petit... proposition après proposition.

Nous y verrons quand même un peu vos dessins…
…(Rires). Bien entendu, et en particulier les couvertures dont je ne me sépare jamais. Il y aura, en tout, deux cents pièces dont environ 20% de photographies. Un important espace est  également consacré á mes sérigraphies et aux tirages numérotés et signés. J'ai hâte de découvrir le résultat et la mise en scène qu'ils vont proposer.
 

Premier bon point, l'affiche est très belle...
Une fois que l'idée du clair-obscur a été choisie, je me devais de travailler sur la lumière, le crépuscule et Cherbourg...

Où en sont vos autres projets ?
Un beau livre édité par la galerie italienne Nuages* va sortir à l'occasion d'une exposition à Milan qui a commencé le 12 mars. La galeriste souhaitait que je rentre dans sa collection de carnets de voyages où figurent déjà La Pampa de Muñoz ou le site d'Angkor vu par Mattotti. Nous avons cherché une destination intimement liée à mon univers et nous sommes tombés d'accord sur L'île de Porquerolles, un endroit que je connais bien [Loustal y a une maison familiale]. J'ai fait des lavis, des peintures à l'huile et des aquarelles sur ce lieu. C'est la première fois que je vais éditer un livre sur un lieu que je connais si bien. D'habitude, je travaille sur la première fois, la découverte, les premières impressions...

Entre Porquerolles et Cherbourg, vous n'avez pas eu peur de finir il peintre  du dimanche », vous qui nous avez habitués aux grands espaces et à l'exotisme...
... (Rires). Je vous rassure, je pars au Costa Rica dans quelques jours [l'interview s'est faite fin février, juste avant les vacances scolaires]. J'aime aller là où je ne suis pas attendu. C'est vrai que contrairement à ces autres destinations, j'ai avec Porquerolles un rapport très intime ; il m'arrive d'y aller en plein hiver, à bord d'un Kayak... Et puis pour les italiens, c'est exotique... (Rires.)

Vous n'avez aucun projet de bande dessinée ?
Pour l'instant, je n'ai rien signé. J'ai seulement des touches avec Philippe Paringaux, Romain Slocombe, Tonino Benacquista, Jean-Claude Grötting... Comme je sais qu'une BD est un travail assez fastidieux, je ne veux pas me tromper dans mon choix. Je ne peux plus faire des choses moyennes. Mais quel plaisir je ressens lorsque je sors une bande dessinée !

Seriez-vous devenu plus sélectif avec le temps ?
C'est normal. Au début, il vous tarde de faire un album. Vous avez envie d'enchaîner des cases, des planches... Ce n'est pas une question d'âge ou de temps qu'il me reste à accomplir, mais d'expérience de ce qu'est le travail de dessinateur de bande dessinée. Je reste  dans la mise en scène et l'image ...

Pourriez-vous passer le cap et écrire vos propres histoires ?
Non. Je travaille avec des stylistes et je sais que ce qu'ils écrivent, je serais incapable de le faire. Sur de petites distances, comme sur Ce qu'il attendait d'elles, le petit livre paru chez Beaulet, c'est possible, mais cela reste des commentaires de dessins. Je préfère vraiment me concentrer sur le rapport image-texte. L'important, c'est le ciselage du texte... Charyn, Coatalem, Simenon, Paringaux sont des stylistes et c'est pour cela que j'aime travailler avec eux. Ils savent m'offrir les scènes fortes dont j'ai besoin pour jalonner mes bandes dessinées. C'est aussi pour cela qu'il m'est impensable de travailler avec des scénaristes « classiques »...


Affaire à suivre...et rendez-vous à Cherbourg !
n

 

 

 

 

 


Couverture Loustal

Enfin, à tout seigneur, tout honneur, notre « Une » est dédiée à Loustal à l’occasion d’une très importante exposition sur Cherbourg lors de la Biennale consacrée aux Arts Graphiques. C’est le moins que l’on pouvait lui consacrer…