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2016  Barney, le retour
Le moment de plaisir

BD : Tout comme il y a les grands musiciens et les musiciens de génie, il y a les grands albums de bande dessinée et les albums de génie. Barney et la note bleue, de Loustal et Paringaux, tout juste réédité, appartient à la seconde catégorie. Publiée pour la première fois en 1985 en feuilleton dans (À suivre), cette histoire qui raconte le parcours en dents de scie d'un magnifique looser du jazz est un ovni. À l'heure où la bande dessinée basculait dans le roman graphique et le 9e art, Loustal, qui n'était encore qu'un jeune illustrateur, et Philippe Paringaux, qui était déjà une signature du prestigieux Rock & Folk, s'associent pour faire revivre le parcours de Bernard « Barney » Jean Wilen. De père américain, de mère française, né à Nice en 1937 mais ayant grandi aux Etats-Unis de 1940 à 1946, Barney est un génie autodestructeur qui se plonge autant dans la musique que dans des histoires d'amour sans issue. Amoureux de saxophone, Barney joue à Paris et il n'a pas 20 ans quand sa route croise celle des plus grands, puisqu'il montera sur scène aux côtés de Miles Davis comme d'Art Blakey (et ses Jazz Messengers). Instable, cet artiste qui cultivait l'art de la disparition dès qu'il attirait l'attention était tombé dans un oubli relatif lorsqu'il apprend qu'(À suivre) raconte son histoire. Il rencontrera les auteurs et finira par enregistrer un 33 tours avec des morceaux accompagnant chacun des chapitres. La réédition proposée est accompagnée d'un CD, ce qui permet de redécouvrir ce qui était devenu un objet pour collectionneur. L'histoire enrichie par cette « BO » est bien sûr triste, mais on se plonge avec délice dans les cases sans bulles dessinées par Loustal, dont chaque dessin est un tableau. C'est d'ailleurs cet album qui rendra célèbre le dessinateur et qui fera de son encre aquarelle un style inimitable et immédiatement reconnaissable. Mort en 1996 à 59 ans, ce jazzman surdoué a disparu, mais si sa mémoire et son Besame Mucho vivent encore, c'est en partie par la grâce de cet album.

Par David Barroux
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