2008 Exposition Loustal Clair obscur
Les Inrockuptibles sortiront un numéro spécial à cette occasion.
4 avril- 21 septembre
2008, Cherbourg-Octeville
Exposition Loustal, la magie du Clair
obscur.
La bande dessinée se réinvente au musée
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TU NE T'ES JAMAIS VU ARCHITECTE ?
L'architecture, c'était pour aborder un métier dans lequel le
dessin avait une grande importance. J'ai suivi des études
classiques : bac C au lycée Louis-le-Grand et je n'imaginais
même pas pouvoir faire les Beaux-arts comme peintre, alors je
les ai faits comme architecte. Finalement, c'est une coïncidence
bienvenue : j'y étais entre 1973 et 1981, j'y ai passé huit ans
au lieu de six et c'était des années extraordinaires où il se
passait plein de choses en bande dessinée. C'est alors que j'ai
ralenti nies études d'architecture et que j'ai commencé à
publier pas mal d'histoires dans Rock & Folk et Métal Hurlant,
puis dans (A SUIVRE).
TU TRAVAILLES D'APRÈS PHOTO ?
Oui, je me promène beaucoup avec un appareil photo à l'affût de
compositions entre le bâti et le ciel : c'est ce que j'aime le
mieux. Mais j'épure beaucoup les photos, je les déforme, je les
traite comme des objets, des sculptures.
TU FAIS LA MÊME CHOSE POUR TES BANDES DESSINÉES ?
Je consomme un nombre hallucinant de films et toutes les bandes
dessinées que je dessine sont liées au cinéma. Du coup, j'ai
moins de liberté graphique : je suis tenu à une atmosphère
particulière et j'ai besoin de documentation, de vrais décors,
de lumière, d'éléments de détails qui ajoutent à l'ambiance.
Donc, oui, là encore, les photos sont mon-point de départ : les
miennes ou celles que je trouve dans les livres. Mais c'est le
quotidien du dessinateur de bande dessinée, être à la recherche
de documentation...
LE CINÉMA T'INFLUENCE PLUS QUE LA BANDE DESSINÉE ?
Oui, et j'aime bien l'idée que dans la bande dessinée, je puisse
me poser les mêmes questions qu'un cinéaste : comment cadrer,
comment éclairer, quel physique choisir... Avec Paringaux (qui a
écrit plusieurs scénarios pour Loustal - ndlr), on a beaucoup de
références de films en commun. Notre dernier livre, Le Sang des
voyous, était vraiment un hommage aux films de Jean-Pierre
Melville.
ET FAIRE DU CINÉMA PLUTÔT QUE DE LA BANDE DESSINÉE ?
Je n'ai jamais eu l'idée de rejoindre le cinéma : j'aime ça,
mais ça reste un objet de plaisir, de fascination, d'intérêt.
J'ai toujours eu envie de continuer à dessiner : c'est ce qui me
plaît avant tout.
TU AS COMMENCÉ DANS LES ANNÉES 70, UNE ÉPOQUE FOISONNANTE POUR
LA BANDE DESSINÉE...
A l'époque, faire de la bande dessinée était beaucoup plus
facile car il y avait plusieurs revues et magazines. Lorsqu'on
s'y mettait, ça faisait boule de neige. On passait un petit
dessin dans Rock & Folk, puis quatre pages, et puis
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LOUSTAL VU PAR Jean GIRAUD (MOEBIUS)
"Une saveur proche de la littérature"
J 'aime beaucoup Loustal, c'est un des rares
dessinateurs ayant un système de références
liées à l'art contemporain plus qu'à la bande
dessinée. Il a aussi adopté un style impersonnel
qui fait écran avec la dramaturgie, à la manière
des films de Bresson, mais il conserve dans son
art une saveur particulière : sa façon de
raconter est proche de la littérature.
Ses carnets de
voyage sont tout à fait intéressants parce qu'il
a, justement, une perception tout à fait
littéraire des endroits visités. Sa manière de
voir les choses est aussi comme un fantasme de
cinéma. Et sans doute y a-t-il chez lui toutes
les caractéristiques du roman alcoolique, alors
qu'il est loin d'être imbibé !
Nous
faisons des sessions de dessins avec d'autres
dessinateurs et je l'ai vu travailler. Il est
très méthodique, sûr de lui, avec un univers
graphique immédiatement disponible et réfléchi.
Et il fait des peintures extraordinaires :je les
ai découvertes durant ces sessions, dans son
atelier, et je me suis dit qu'il était peut-être
plus peintre que dessinateur... En tout cas, je
le suis depuis longtemps, nous avons été publiés
dans les mêmes journaux et j'ai beaucoup aimé
Barney et la note bleue qui reprend la figure
d'un musicien que j'apprécie : un choix raffiné
et délicat pour lequel il a su trouver un beau
traitement.
Il faut souligner
la complicité de Loustal avec Paringaux : ils
forment un de ces couples, comme Schuiten et
Peeters, qui portent en eux une ambition qui
traverse les époques avec constance. La BD
contemporaine donne l'impression d'abandonner
cela : on est davantage dans le stand-up ou
l'aventure... Les trajectoires secrètes,
singulières, sont plus rares. On est peut-être
ainsi : des caractères en voie d'extinction.
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